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Fernão de Magalhães (dit Magellan)
  
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  L. di Varthema  
  F. Serrao  
       rancisco Serrao, Portugal

       C'est un obscur capitaine. Mais, compte tenu de sa destinée, il est peut-être l'une des clés de l'aventure de Magellan. Après son départ de Malacca, et celui de son frère d'arme (selon S. Sweig, son cousin selon d'autres personnes) il part avec deux capitaines vers des îles légendaires.

e voyage

       Ils atteignent, sans encombre, les rivages verdoyants et accueillants des Moluques. La civilisation n'a pas encore pénétré ces contrées lointaines (*). Nue et pacifique,la population vit à l'état de nature, ignore encore l'argent, et ne court pas après le gain. Pour quelques clochettes et bracelets, ces naïfs insulaires apportent les clous de girofle par quintaux, et dès les deux premières îles, Banda et Amboïna, les Portugais ont rempli leurs bâteaux à pleins bords. Impatients de mettre leur cargaison en sûreté, l'amiral Abreu décide de rentrer en toute hâte à Malacca.
       La rapacité des Portugais les a peut-être poussés à charger trop lourdement leurs navires. L'un d'eux, celui que commande le capitaine Serrao, donne contre un récif et se brise. Ses hommes réussissent à lui sauver la vie. Ils errent d'abord sur une plage inconnue et déserte, puis Serrao parvient à s'emparer d'une chaloupe de pirates, sur laquelle ils retournent à Amboïna. Là, le chef des naturels accueille les naufragés avec la même bonne grâce que lorsqu'ils étaient venus en grands seigneurs et leur offre l'hospitalité, disent les rapports. Sans doute le devoir de Serrao exigerait qu'il rejoignît sans tarder son amiral dans une des nombreuses jonques qui font route vers Malacca. Mais l'enchantement de cet Eden, la tiédeur balsamique du climat ont considérablement affaibli le sentiment de discipline militaire. Que lui importe maintenant que le roi grogne ou non à l'autre bout du monde ! N'a-t-il pas fait assez pour le Portugal. [...]

e renoncement

       L'homme passe sans emphase du monde héroïque dans l'iddylique et décide de mener une existence toute primitive, idéalement oisive de cette aimable peuplade. La haute dignité de grand vizir que lui confère le roi de Ternate ne l'accable pas de travail ; il n'aura qu'à figurer une seule fois, à l'occasion d'une guerre sans importance, aux côtés de son souverain en qualité de conseiller militaire. Il reçoit en récompense une maison avec des serviteurs et des esclaves, plus une jolie sauvagesse qui le rendra père de deux ou trois enfants (**).

       Les deux hommes, Magellan et Serrao, sont longtemps restés en contact. Et Serrao le pressait de quitter la vieille Europe ingrate. On retrouva une phrase laconique dans une lettre de Magellan, selon laquelle il le rejoindrait "sinon par le chemin habituel des Portugais (la route de l'Est de Vasco de Gama), du moins par une autre voie".

S.Sweig, Magellan, p.57, 58.



  * En raison de l'intelligente susceptibilité de nos contemporains, cette phrase a été censurée, et réduite à une expression neutre.

  ** Le terme initial pour enfants était moricauds. J'ai regardé dans le dictionnaire étymologique et ai trouvé comme sens, au XVème siècle, celui de chien. Curieuse analogie. Le traducteur semble avoir des idées bien arrêtées, à moins que ce ne soit l'auteur du texte initial.



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